Alors que la France vit toujours au ralenti, dans l’attente d’un nouveau (et ultime ? les we ?) confinement, la liste de privations subies se fait de plus en plus lourde à porter. Si la question de ce qui essentiel et ce qui relève de la contingence aboutit très vite sur une aporie, une activité en particulier sort du lot parmi les plaisirs des jours passés. Pour 86% des Français, ce sont les sorties au restaurant qui leur manquent le plus, loin devant les concerts, théâtres ou autres boîtes de nuit. Au-delà des découvertes gastronomiques, c’est bien la fonction sociale des repas fait cruellement défaut à nos journées confinées.
Plus globalement, la pandémique de Covid-19 a fortement bouleversé les attentes et choix de consommation dans le domaine de l’alimentation. Si le prix reste le premier critère de choix d’après une enquête menée par Max Havelaar en fin d’année dernière, la crise a révélé la fragilité des systèmes agroalimentaires mondialisés et a renforcé la demande pour des circuits plus courts et des produits bio. En parallèle, l'interdépendance entre questions environnementales, sanitaires et les systèmes de production alimentaire ont été mis en évidence par cette crise. Ainsi la consommation de viande a baissé pour la deuxième année consécutive et 30% des français ont changé de fournisseurs pendant la crise pour passer à des produits plus durables. Comment les acteurs en présence réagissent face à ces nouvelles tendances ? Quelles opportunités pour les géants du secteur et quelles sont les stratégies d’entrée des startups ?
On parle à l’envi des startups se développant sur l’aval de la chaîne de valeur, au plus près de la distribution et de l’expérience d’achat et de consommation, avec l’explosion des dark kitchens et des services de livraison. Qu’en est-il pour l’amont de l’industrie agroalimentaire, comment les producteurs notamment envisagent cette transition ? Si les géants du numérique investissent ce segment, pour une fois leur proposition semble aux antipodes des tendances générales. Ainsi Google a dévoilé cet automne son projet Mineral sorti de son laboratoire X The Moonshot Factory. Concrètement, l'entreprise californienne a développé un robot déverseur de fertilisants et..de pesticides, pour optimiser la culture de sols dans des conditions de plus en plus extrêmes. La valeur ajoutée de ce robot est de permettre une agriculture de précision, en limitant les intrants utilisés, mais en se maintenant toujours dans un cadre de culture intensive...Or c’est précisément ce type d’agriculture qui entraîne sur le long terme un appauvrissement des sols et une destruction des écosystèmes.
La startup française Agroleaguea justement pour ambition d’aider les agriculteurs à mener cette transition vers une meilleure performance environnementale, avec un focus sur la biodiversité et la conservation des sols. Reprenant les codes de certains incubateurs, la startup propose aux agriculteurs une communauté et des outils pour adapter leurs exploitations tout en améliorant leurs marges. La problématique de l’éducation des agriculteurs est un sujet de plus en plus pressant. D’ici 2030 plus de 400.000 agriculteurs partiront à la retraite en France, et si les vocations se renouvellent, les visions ne sont pas forcément les mêmes. Pour soutenir cette transition, Xavier Niel a annoncé la création d’une école de l’agriculture de demain. Baptisée Hectar, cette école aura pour but de former 2000 élèves chaque année aux métiers de l’agriculture, en reprenant les codes qui ont fait le succès de l’école 42 : diversification des recrutements et gratuité. Agriculteurs et codeurs, les deux métiers d’avenir ?
Économie circulaire, économie vertueuse… Jusque là beaucoup de mots mais peu d’actes de la part des GAFA. Enfin jusqu’à cette semaine. Après s'être illustré en grand défenseur de la confidentialité des données, Apple fait un premier pas vers une consommation plus vertueuse de ses produits en affichant l’indice de réparabilité pour ses Iphone et Macbook. Cet indice de réparabilité, véritable symbole de la loi anti-gaspillage en France, qui prend la forme d’une note sur 10, deviendra obligatoire pour les marques de produits électroniques dès janvier 2022. L’objectif est de provoquer un effet vertueux auprès des consommateurs en leur apportant une information déterminante pour leur achat. En effet, le gouvernement a fixé à 60% le taux de réparation des produits électriques et électroniques d’ici 5 ans. Cet indice doit donc éclairer le choix du consommateur au moment de l'achat, notamment afin de lutter contre l'obsolescence programmée dont sont accusés les géants de l’électronique. Alors pour les produits Apple ça donne quoi ? Une moyenne qui plafonne à 5,93/10 pour l’ensemble de la gamme d’iphone présente en magasin, à peine mieux pour les MacBook. En tout, 26 produits ont été notés par Apple qui déplore ces moyennes basses “ne reflétant pas les actions mises en place par la marque pour accélérer la transition vers une économie circulaire". On en a presque la larme à l’oeil.
Impossible Burger; NotCo, Perfect Day ou encore Beyond Meat. Les startups pariant sur les viandes végétales multiplient les levées de fonds depuis un an pour s’imposer dans l’assiette du grand public. Pour passer à l’échelle, ces acteurs qui s’étaient développés au départ sur le B2C voire le D2C, doivent nouer des partenariats avec des acteurs de la restauration et de l’agroalimentaire pour passer à l’échelle et atteindre à terme, enfin, la rentabilité. Dans cette course, c’est la startup américaine Beyond Meat qui semble prendre la tête du peloton. Cette semaine, l'entreprise a annoncé coup sur coup deux partenariats avec deux géants du fast food dans le monde. Tout d’abord avec McDonald’s dont elle va devenir le fournisseur exclusif de son burger McPlant pendant les trois prochaines années. L’objectif de cette collaboration est également de développer d’autres produits sur une gamme plus large de produits, en proposant des alternatives à toutes les options carnées du restaurateur. Autre coup d’éclat, la startup s’associe avec Yum ! Brands, holding qui regroupe les franchises KFC, Pizza Hut ou encore Taco Bell pour enrichir leur menu à base d’alternatives vegan. Plus ambitieuse et inattendue, Beyond Meat s’est également engagée en début d’année dans une coentreprise avec le groupe Pepsico. Baptisée The PLANeT Partnership, l’objectif de cette structure est d’utiliser les technologies mises au point par Beyond Meat pour développer des boissons et snacks à base de protéines végétales, en adhérence avec l’ambition de Pepsico d’assainir son portefeuille de marques. Cette activité devrait aussi permettre à Beyond Meat de développer sa présence dans la grande distribution, et ainsi réduire sa dépendance...à la restauration. What goes around...
Après Google, Facebook, et TikTok, quelle sera la prochaine plateforme numérique à truster le marché des publicités en ligne ? Le géant suédois du streaming audio Spotify a tenu cette semaine sa toute première édition des 'Spotify Stream On', grand-messe calquée sur les keynotes légendaires d’Apple. La plateforme a profité de cet événement pour afficher son ambition d’accélérer la monétisation de sa communauté de plus de 345 millions d’utilisateurs actifs mensuels et renforcer son écosystème face aux acteurs traditionnels. Première pierre à l’édifice, Spotify va se doter de sa propre place de marché, SoundBetter, pour mettre en relation les artistes et des prestataires de services (designer, vidéaste etc) pour faire de la plateforme une véritable boîte à outils pour les créateurs. Autre chantier, la valorisation de la publicité ciblée audio, en visant le marché détenu historiquement par les radios, en offrant une ciblage plus précis pour les annonceurs. Pour y arriver, l’entreprise vise notamment le contenu podcast pour lequel elle a dépensé plus de 800 millions de dollars en deux ans. Les annonceurs pourront désormais acheter de l’espace publicitaire pour podcast directement via la plateforme Spotify Audience Network. L’originalité de ce service est qu’il dessert également les podcasts hébergés sur d’autres plateformes que Spotify, comme Megaphone (rachetée par Spotify l’année dernière) ou encore Anchor, pour offrir aux annonceurs une audience plus diversifiée.